- Parmi les choses qui me paraissaient inconcevables lorsque l’on m’a appris que j’étais insuffisant rénal et que je devrais me dialyser, il y avait le fait de devoir subir 2 ponctions intraveineuses à chaque séance si je m’orientais vers l’hémodialyse. Les premières séances en centre m’ont toutefois rassuré : les infirmières maîtrisaient la ponction, la fistule une fois bien formée laissait un bon passage pour l’aiguille, ce n’était pas si douloureux que je l’imaginais, tout allait bien. Mais nous commencions à anticiper mes dialyses à la maison, hors du centre. Je me demandais : n’est-ce pas risqué de laisser à un patient le soin de se piquer avec des aiguilles bien tranchantes dans une fistule tous les jours? Ne peut-il pas y avoir des risques d’hémorragie ou autre? C’est à ce moment que l’on m’a parlé de la technique du buttonhole.
- Le buttonhole est une voie d’abord pérenne (un tunnel) constituée pour faciliter les piqûres quotidiennes. On en “fabrique” deux. Il faut choisir deux points de ponction avec lesquels le patient sera à l’aise pour se piquer seul. Une fois choisis, le patient devra toujours piquer à ces mêmes endroits. Le principe est le même qu’avec des boucles d’oreille : à force de piquer au même endroit, un tunnel pérenne se met en place. Pour créer le buttonhole, après dialyse en centre, l’infirmière laisse en place un “bouton” (une petite tige qui s’insère dans le point de ponction, avec une boule un peu plus épaisse à son extrémité qui va empêcher le bouton de s’enfoncer profondément) sur le point de ponction qui sera retiré puis remplacé lors de la dialyse suivante. Il faut répéter ce processus durant deux semaines. On couvre avec un pansement, à ne pas serrer trop fort pour ne pas modifier le trajet qui va se constituer. Autour de ce bouton, la cicatrisation tourne à la fibrose, un tunnel pour passer une aiguille se forme donc. Le trajet étant plutôt stable (tant qu’il est “fréquenté”), une aiguille émoussée est suffisante.
- Après chaque séance de dialyse, une croûte peut éventuellement se former dans le buttonhole. La croûte est constituée d’exsudat, de fibrine, de sang. Il faut s’assurer de bien la retirer avant une nouvelle ponction avec un petit embout fourni avec chaque aiguille.
- Utiliser une aiguille émoussée est rassurant quand on doit se piquer seul et est favorisée pour limiter les risques hémorragiques à domicile. La piqûre est aussi généralement moins douloureuse. Et contrairement à la rotation des points de ponction, elle fragilise moins la veine, ce qui cause moins d’anévrisme.
- En cinq années de dialyse à domicile, mes buttonholes n’ont que rarement posé de problème. A quelques reprises, le trajet du tunnel semblait quand même changer légèrement ce qui faisait que je n’arrivais pas à me piquer avec une aiguille émoussée. Il ne faut pas hésiter, dans ce cas là, à piquer avec une aiguille tranchante sur le même trajet pour rouvrir le tunnel.
- Complications locales des buttonholes
- Sachant que l’on désinfecte et que l’on pique toujours aux deux mêmes endroits, la peau peut être le siège d’irritation cutanée et/ou d’eczéma, ce qui cause des démangeaisons. L’eczéma cause des petites fissures et un écoulement de sérosité autour du buttonhole.
- Si la croûte est mal décapée, du pus peut s’écouler si vous pressez le point de ponction.
- Quand on pique, il est possible de se tromper légèrement de trajet. Au lieu d’être continuellement dans le button hole, soit vous le rejoignez avant la lumière artérielle, soit vous le quittez avant d’arriver dans la lumière artérielle. Aux prochaines dialyses, la croûte n’est pas nettoyée dans ce petit tunnel. Ce qui peut arriver, c’est que cette stagnation provoque une surinfection locale et un écoulement de pus.
- En cas d’infection régulière ou continue parlez-en vite avec votre médecin. Utiliser ce même point de ponction peut mener à des épisodes de bactériémie qui peuvent avoir des conséquences sur votre état de santé
Y et Z